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American Indian Painting by Frithjof Schuon

"Le Beau est la Splendeur du Vrai"
Platon

"L'ame purifiée devient donc idée et raison,
tout a fait incorporelle et intellective,
vouée toute au divin
d'ou jaillit la Source du Beau."
Plotin, Enneades I,6

"Dieu est Beau et Il aime la Beauté."
Hadith

Dans les dernières années de sa vie, Frithjof Schuon a pleinement exprimé la substance mariale de son enseignement à travers une série de poèmes didactiques d'une fulgurante beauté. Ces poesies sont reproduites avec l'aimable autorisation des Editions des Sept Fléches.

Lire l'introduction de Patrick Laude à la Poesie Didactique de Frithjof Schuon.


Ad astra — zu den Sternen — ist der Weg;
Adastra ist der Name, den ich wähle.
Mein ist der Sternenweg, und ich bin sein —
Kristall der Wahrheit und Musik der Seele.
Lichtinseln in der weiten, kalten Nacht:
Ich meine, tausendmal mein Herz zu sehen.
Weit und doch nah ist unser Weg zum Selbst —
Zur letzten Seligkeit in Gottes Höhen.

Ad astra — vers les étoiles — est la Voie ;
Adastra est le nom que je choisis.
Mienne est la voie des étoiles, et je suis sienne —
Cristal de Vérité et musique de l’âme.
Iles de lumière dans la nuit froide et immense :
Je pense voir mon cœur un millier de fois.
Lointaine et pourtant proche est notre Voie vers le Soi —
Vers l’ultime béatitude dans les hauteurs divines.

Mâyâ ist eine Ausstrahlung des Âtmâ,
Denn Âtmâ strahlt; Es ist das Höchste Licht.
In Mâyâ liegen Welten mit den Zyklen —
Doch sie sind Trug, berühren Âtmâ nicht.
Die Welten, Zyklen, kommen und vergehen —
Vor Âtmâs Wirklichkeit kann nichts bestehen.
Was ihr erlebt von Dingen, Zeiten, Orten,
Ist Traum. Dies ist die Lehr in wenig Worten.
Indessen, Mensch: von Âtmâ fiel ein Funke
Geheimnisvoll in deines Herzens Strom.
Von Mâyâ bleibt dein Tiefstes unverblendet —
Es ist nichts anderes als Âtmâ —
Shânti Om

Mâyâ est une irradiation d’Âtmâ,
Car Âtmâ rayonne ; Il est la Lumière Suprême.
En Mâyâ sont inclus les mondes et leurs cycles —
Mais ils sont illusoires, ils ne touchent point Âtmâ.
Mondes et cycles viennent et disparaissent —
Devant la Réalité d’Âtmâ rien ne peut subsister.
Votre expérience des choses, des temps et des lieux,
Est rêve. Ceci est la doctrine en peu de mots.
Toutefois, homme : d’Âtmâ tomba une étincelle
Mystérieusement dans le fleuve de ton cœur.
Ton for intime reste non aveuglé par Mâyâ —
Il n’est rien d’autre qu’Âtmâ —
Shânti Om.

Die Wahrheit ist die feste Burg;
Im Wahren sollst du wohnen.
Beim Morgengrauen denke dran;
Der Abend wird dir’s lohnen.
Der Erdenkram, der macht dich schwer
Mit eitlem Traumgewebe.
Die Seel ist müd; der Geist ist wach,
Dass er nach Oben schwebe.

La Vérité est la solide forteresse ;
C’est dans la Vérité qu’il te faut habiter.
Dès l’aube, penses-y ;
Le soir t’en récompensera.
Les riens terrestres t’alourdissent
De leur vain tissu de rêve.
L’âme est lasse ; l’esprit est en éveil,
Qu’il prenne donc son essor vers le Haut.

Das Weltmeer, mit dem Guten und dem Bösen,
Der Erdenkram mit seiner falschen Fülle
Und seinem Lärm; wer kann das Rätsel lösen?
Sei ruhig, Herz; steh du in Gottes Stille.
Nicht weltlich ist, was unterm Himmelszelt
Von Eden zeugt; dass sich dein Geist nicht quäle:
Das Schöne ist nicht ganz von dieser Welt.
Es ist von Gott zu Gott — wie deine Seele.

L’océan cosmique, avec le bien et le mal,
Le chaos terrestre avec sa fausse plénitude
Et son vacarme ; qui peut résoudre l’énigme ?
Sois en paix, mon cœur ; tiens-toi dans le Silence de Dieu.
N’est pas mondain ce qui, sous la voûte céleste,
Témoigne de l’Eden ; que ton esprit ne se tourmente point :
La beauté n’est pas entièrement de ce monde.
Elle est de Dieu vers Dieu — comme ton âme.

So ist des Mannes, so des Weibes Wesen;
Des Mannes Seele liebt Unendlichkeit —
Das unerschöpfliche Geheimnisvolle,
Welches das Weib verkörpert; Seligkeit.
Des Weibes Seele strebt zum Unbedingten —
Zum Absolutum, das vom Einen zeugt;
Weisheit und Kraft, dazu Gesinnungsgröße
Und Edelmut, der sich zum Weibe neigt.
Gar manches Schöne ließe sich noch sagen —
Genug, dass wir’s in unsren Herzen tragen

Telle est la nature de l’homme, telle celle de la femme ;
L’âme de l’homme aime l’Infini —
L’inépuisable mystérieux,
Que la femme incarne ; béatitude.
L’âme de la femme tend vers l’Absolu —
L’Absolutum, qui témoigne de l’Un ;
Sagesse et force, grandeur d’âme aussi,
Et noblesse de cœur, se penchant vers la femme.
On pourrait encore dire maintes belles choses —
Il suffit que nous les portions dans nos cœurs.

Gebet aus Stein: dies ist das hohe Münster,
Das Innre lang und feierlich und finster —
Ein Fenster, wo das Licht sich bunt zerteilt;
Und Andacht, die vor goldnen Bildern weilt.
Des Islams Bethaus, bilderlos und schlicht —
Nach Mekka strebt der Frömmigkeit Gesicht;
Man steht und betet, Mann an Mann gereiht,
Im Duft des Glaubens, der Ergebenheit.
O Heiligtum jungfräulicher Natur:
Kein Stein, kein Teppich; Wald und Wiese nur,
Und Bergeshöhe, Sonne, tiefe Nacht —
Allüberall die Allerhöchste Macht.
Ein Heiligtum, das Gott uns hat gegeben:
Es ist nicht Fernes, es ist nahes Leben;
Wo sind die Höhen, wo die Götter thronen?
Im Leib des Menschen will die Gottheit wohnen.

Prière devenue pierre : c’est la haute cathédrale,
L’intérieur long, solennel et sombre —
Un vitrail brisant la lumière en faisceaux de couleurs ;
Et une dévotion face à des images dorées.
La maison de prière de l’Islam, sans images et dépouillée —
Dirige vers la Mecque la face de piété ;
Debout et priant, on s’aligne homme à homme,
Dans le parfum de la foi et de la résignation.
Ô sanctuaire de la nature vierge :
Ni pierre ni tapis ; seuls forêt et prairie,
Et sommets de montagne, soleil, nuit profonde —
La Suprême Toute-Puissance embrassant toute chose.
Un sanctuaire que Dieu nous a donné :
Il n’est pas éloigné, il est vie toute proche ;
Où sont les hauteurs où trônent les dieux ?
Dans le corps de l’homme, le Divin veut loger.

Extraits du premier tome des poésies de Frithjof Schuon


Sphärenmusik — die Zahl, die Harmonie:
Pythagoras sah sie in Einem Bilde.
So ist der Geist, so ist die Welt gemacht:
Der Logik Strenge, des Gemütes Milde.
Das Denken will das Seiende umschreiben,
Und die Musik erweckt das Wunderbare.
Verstandesdenken ist wie Rechnen, Zählen;
Musik ist wie die Einfühlung ins Wahre.
 

La musique des sphères — le nombre et l’harmonie :
Pythagore les vit en une seule image.
Ainsi est l’Esprit, ainsi est fait le monde :
Rigueur de la logique et douceur de l’âme.
La pensée veut circonscrire ce qui est,
Et la musique éveille le merveilleux.
La pensée rationnelle est comme calculs et comptes ;
La musique est comme l’assimilation du Vrai.

Ursein, Sein, Dasein — Wurzel, Krone, Zweige;
Ursein ist unpersönlich, Sein persönlich,
Und Dasein vielpersönlich. Ursein ist
Unendlich fern; Sein ist nah, ist versöhnlich.
Und Dasein ist das, was wir sind: zerspalten
In abertausend Wesen, die sich lieben
Und hassen. Manche hier, und mehr noch drüben,
Bei Gott — erneute, himmlische Gestalten.
Ursein: Allmöglichkeit; Sein: Schöpferkraft;
Dasein: die Schöpfung, die das Leben schafft.

 Sur-Être, Être et Existence — racine, couronne et branches ;
Le Sur-Être est impersonnel, l’Être est personnel,
Et l’Existence multipersonnelle. Le Sur-Être est
Infiniment loin ; l’Être est proche, est réconciliant.
Et l’Existence est ce que nous sommes : éparpillés
En mille et mille êtres qui s’aiment
Et se haïssent. Beaucoup ici et plus encore là-haut,
Auprès de Dieu — formes renouvelées et célestes.
Sur-Être : Toute-Possibilité ; Être : Puissance créatrice ;
Existence : la création, qui produit la vie.

Alles, was ist — so heißt es — lobt den Herrn.
Schon unser bloßes Dasein ist gewaltig,
Ein wahres Wunder; so der Dinge Werte
Und Mächte. Und die Welt ist vielgestaltig
Weil Gott unendlich ist. Ihr habt die Wahl
Zwischen dem Nichts und Gott. Und dieses sehen,
Ist mehr als Denken; es ist lichtes Sein
In eurem Herzen — es ist Auferstehen.

Tout ce qui est — dit-on — loue le Seigneur.
Déjà notre simple existence est prodigieuse,
Un vrai miracle ; de même les qualités
Et puissances des choses. Et le monde est multiforme,
Car Dieu est infini. Vous avez le choix
Entre le néant et Dieu. Et cette vision
Est plus que la pensée ; c’est l’Être lumineux
Dans votre cœur — c’est la résurrection.

Extraits du second tome des poésies de Frithjof Schuon


Dichtung, Musik und Tanz — dies sind die Künste
Die weltlich oder geistig können sein:
Den Weltlichen ziehn sie zum Weltgenießen,
Dem Geistigen gehn sie ins Herz hinein.
Gedicht ist wie Musik, doch fasst auch Denken
In sich; Musik berauscht der Seele Sein;
Im Tanze wird Musik des Leibes Leben,
In Form verwandelt — Bild gewordner Wein.
 

Poésie, musique et danse — ce sont les arts
Qui peuvent être mondains ou spirituels :
Ils attirent le mondain vers la jouissance du monde,
Mais pénètrent dans le cœur du spirituel.
La poésie est comme la musique, mais englobe aussi
La pensée ; la musique enivre l’être de l’âme ;
Dans la danse, la musique devient la vie du corps,
Transmuée en forme — vin devenu image.

Du zögerst vor der höchsten Wahrheit Schwert —
Du wähnst, die Weisheit könnt dein Sein dir stehlen,
Der du nicht bist. Was kommen soll, das kommt —
Und es ist Gott. In Ihm kann dir nichts fehlen.
 

Tu hésites devant l’épée de la Vérité suprême —
Tu penses que la Sagesse pourrait te voler ton être,
Toi qui n’es point. Ce qui doit arriver, arrive —
Et c’est Dieu. En Lui rien ne peut te manquer.

Einsamkeit ist des Weisen Los, weil er
Nicht wie die Andern ist. Jedoch sein Ich
Ist weiter, reicher als so manche Seel;
Der Weise trägt die ganze Welt in sich.
Irgendwie hat er alles miterlebt
Was ihm in Wirklichkeit nicht Schicksal war.
Der Dinge Wesen liegt in seinem Blut —
Urbild ist er in der Geschöpfe Schar.
 

La solitude est le lot du sage, parce qu’il
N’est point comme les autres. Toutefois son ego
Est plus ample, plus riche que tant d’âmes ;
Le sage porte en lui le monde entier.
Il a en quelque sorte vécu tout
Ce qui en réalité ne lui était pas destin.
La nature des choses fait partie de son sang —
Il est le prototype parmi les créatures.

Extraits du troisiéme tome des poésies de Frithjof Schuon


Andacht und Inbrunst sind die beiden Tore
Des Gottgedenkens: reglos sei die Seele
In der Betrachtung; lebensglühend dann
In deines Herzens gottgeweihter Höhle.
Höhe und Tiefe ist des Geistes Drang:
Heiliges Schweigen, innerster Gesang.
 

Recueillement et ferveur sont les deux portes
Du Souvenir de Dieu : que l’âme soit immobile
Dans la contemplation ; puis embrasée de vie
Dans la caverne consacrée à Dieu de ton cœur.
Hauteur et profondeur sont l’impulsion de l’esprit :
Saint silence et chant le plus intime.

Froh sein, weil Gott Wahrheit und Friede ist;
Weil man sich muss in Gottes Wunsch ergeben;
Weil Er des Menschen Jammer nicht vergisst.
Das Ewige — Es ist das Höchste Gut;
Und Bessres kann die Seele nicht erstreben
Als Das, worauf ihr wahres Sein beruht.
Prüfung ist nötig. Hat euch Gott vergessen?
Der Prüfung Grenzen könnt ihr nicht ermessen.
Und was ihr seid, ist was in Gott ihr tut.
 

Être heureux parce que Dieu est Vérité et Paix ;
Parce qu’on doit se résigner au désir de Dieu ;
Parce qu’Il n’oublie pas la détresse de l’homme.
L’Eternité — Elle est le Souverain Bien ;
Et l’âme ne peut aspirer à rien de meilleur
Que Ce sur quoi son être véritable repose.
L’épreuve est nécessaire. Dieu vous a-t-il oubliés ?
Vous ne pouvez mesurer les limites de l’épreuve.
Et ce que vous êtes, c’est ce que vous faites en Dieu.

Gar manche meinen, der Begriff sei nichts,
Es komme nur auf reine Sammlung an;
Auf Sein, nicht Denken. Ich behaupte: doch,
Begriff ist alles, bloßes Sein ist Wahn.
Aus dem Begriff schält sich des Herzens Sein:
Das, was ich denke, werd ich. Jedes Kind
Weiß, dass des Werdens Gnaden im Begriff
Des Ewigen schon tief enthalten sind.
 

Beaucoup estiment que le concept n’est rien,
Qu’importe seulement une pure concentration ;
Sur l’Être, non la pensée. J’affirme : si,
Le concept est tout, le simple être est illusion.
C’est du concept que s’infère l’être du cœur :
Ce que je pense, je le deviens. Tout enfant
Sait que les grâces du devenir sont déjà
Contenues dans le concept même d’Eternité.

Was will Erkenntnislehre uns erklären?
Das Wesen des Bewusstseins, des Erkennens;
Was des Erkennens Inhalt, Gegenstand;
Die Kunst des Unterscheidens und des Nennens.
Fünf Arten mag es geben des Verstehens:
Sinnen-Erkenntnis für das Stoffgebiet;
Die Trieb-Erkenntnis aller Lebewesen;
Vernunft, die Regeln und Gesetze sieht.
Dann Geist-Erkenntnis, Gott und Welt betreffend —
Die letzten Dinge, ihr Warum und Wie.
Auch darf ich nennen hier die Prophetie —
Die Rede Gottes an die Welt eröffnend.
 

Que veut nous expliquer l’épistémologie ?
La nature de la conscience et de la cognition ;
Le contenu de la cognition, son objet ;
L’art du discernement et de la définition.
Il peut y avoir cinq modes de connaissance :
La connaissance sensorielle pour le domaine matériel ;
La connaissance instinctive de tout être vivant ;
La raison qui a en vue les observances et les lois.
Puis la connaissance intellectuelle, concernant Dieu et le monde —
Les ultimes choses, leur pourquoi et comment.
De même ici, je puis citer la prophétie —
Le discours de Dieu s’ouvrant au monde.

Erkenntnis ist Erinnerung, bei Plato.
Erfundne Pseudo-Weisheit kommt vom Teufel,
Auch wenn die These glänzt — se non è vero,
È ben trovato — daran ist kein Zweifel.
Das Licht wollt ihr aus eurem Nichts gewinnen?
Die Wahrheit kommt von Oben und von Innen!
 

La Connaissance est réminiscence, chez Platon.
La pseudo-sagesse inventée vient du diable,
Même si la thèse est brillante — se non è vero
È ben trovato — il n’y a pas à en douter.
Vous voudriez extraire la Lumière de votre néant ?
La Vérité vient d’En Haut et de l’Intérieur !

Extraits du quatriéme tome des poésies de Frithjof Schuon


Blumen am Boden, Sterne hoch am Himmel —
Blumen leuchten bei Tag, bei Nacht die Sterne;
Blumen verblühn, Sterne sind unvergänglich,
Menschlich gesehn — und strahlen aus der Ferne.
Der Geist, die Seele — Lieder in der Zeit;
Darüber Schweigen — Sang der Ewigkeit.
 

Les fleurs sur le sol, les étoiles haut dans le ciel —
Les fleurs brillent le jour, les étoiles la nuit ;
Les fleurs se fanent, les étoiles sont immuables,
Du point de vue humain — et rayonnent de loin.
L’esprit, l’âme — chants dans le temps ;
Au-dessus le silence — chant de l’Eternité.

Zwei Seiten hat die Einheit: Einzigkeit
Im grenzenlosen Raum der Möglichkeit;
Dann Einung, Selbigkeit — das tiefste Innen,
Wo Möglichkeiten in das Eins zerrinnen.

L’Unité a deux faces : Unicité
Dans l’espace illimité de la Possibilité ;
Puis Union, Identité — le plus intime Intérieur,
Où les possibilités se fondent dans l’Un.

Im Reinen Sein war eine Möglichkeit,
Die sprach: Gib mir das Dasein in der Zeit.
Das Dasein ward erfüllt, da war mein Ich;
Ich sprach: Du bist mein Gott, nun führe mich.
Gott sprach zu mir: du bist mein Ebenbild,
Und du bist frei; zum Wege sei gewillt —
Zum Weg zu Mir; dies ist des Daseins Sinn.
Ich sah, dass ich der Gottheit Spiegel bin.
Ursein, Sein, Dasein, Ich — dem Höchsten zu;
Zum Herzensgrund jenseits von Ich und Du.
 

Dans le Pur Être était une possibilité
Qui dit : Donne-moi l’existence dans le temps.
L’existence fut accordée, c’était mon ego ;
Je dis : Tu es mon Dieu, guide-moi désormais.
Dieu me dit : tu es mon image,
Et tu es libre ; sois disposé à la Voie —
A la Voie vers Moi ; c’est là le sens de l’Existence.
Je vis que j’étais le miroir de la Divinité.
Sur-Être, Être, Existence, ego — vers le Très-Haut ;
Vers le tréfonds du cœur au-delà du moi et du toi.

Es kommt mir immer wieder in den Sinn
Wie Tiruválluvar den Tempel schaute,
Von fern; als Paria durft er nicht hinein —
Er hört des Gottesdienstes ferne Laute.
Das kleinste Zeichen, das an Gott uns mahnt,
Ist ungleich mehr, als was die Seele ahnt.
 

Il me passe toujours à nouveau par l’esprit
Comme Tiruvalluvar contemplait le temple
De loin ; en tant que paria, il ne pouvait y entrer —
Il entendait le son lointain du Service divin.
Le moindre signe qui nous rappelle Dieu
Est infiniment plus que ce que l’âme pressent.

Die schönsten Dinge, die der Höchste schuf,
Sind die Natur, die Dichtung, die Musik,
Das Weib; dann auch das Heiligtum, der Ort —
Von Menschenhand — wo blüht des Geistes Glück.
Musik, Dichtung und Weib — nach Platos Lehren
Das Edelste, was du kannst sehn und hören;
Halb Erde und halb Himmelswelt. Das Weib:
Der Seligkeiten gottgeschaffner Leib.
 

Les plus belles choses que le Très-Haut créa
Sont la nature, la poésie, la musique
Et la femme ; puis aussi le sanctuaire, le lieu —
Fait de main d’homme — où fleurit le bonheur de l’esprit.
Musique, poésie et femme — d’après la doctrine de Platon
Les plus nobles choses que tu puisses voir et entendre ;
Mi-terre, mi-monde céleste. La femme :
Le corps des béatitudes, créé par Dieu.

Ich nehme meine Zuflucht zu Gott
Vor der Welt und vor der Seel;
Denn was ich sollt, ich kann’s nicht sein —
Nur das Selbst ist ohne Fehl.
Gott sagte gleichsam, als Er uns,
Die Erdenmenschen, schuf:
Seid, was ihr seid; denn was Ich will
Ist hören euren Ruf.
Zweierlei muss der Mensch gleichzeitig sein:
Im Geiste groß, im Erdenspiele klein.
 

Je prends mon refuge en Dieu
Devant le monde et devant l’âme ;
Car ce que je devrais être, je ne le puis —
Seul le Soi est sans défaut.
Dieu nous a pour ainsi dire dit,
Quand Il nous créa, les êtres terrestres :
Soyez ce que vous êtes ; car ce que Je veux
C’est entendre votre appel.
L’homme doit être deux choses à la fois:
Grand en l’esprit, petit dans le jeu terrestre.

Zwei Seiten hat die Einheit: Einzigkeit
Im grenzenlosen Raum der Möglichkeit;
Dann Einung, Selbigkeit — das tiefste Innen,
Wo Möglichkeiten in das Eins zerrinnen.

L’Unité a deux faces : Unicité
Dans l’espace illimité de la Possibilité ;
Puis Union, Identité — le plus intime Intérieur,
Où les possibilités se fondent dans l’Un.

Was ist der Mensch? Zuerst: er ist das Wissen:
Des Geistes Licht hat Mâyâs Trug zerrissen.
Sodann: des Menschen Wesen ist die Tat —
Wohl dem, der Gottes Wort gefunden hat.
Und dann: des Menschen Wesen ist der Glaube —
Die Seele keltert der Erlösung Traube.
Schlussendlich möchte ich die Selbstheit nennen:
Im Herzen soll der Mensch das Sein erkennen.
 

Qu’est-ce que l’homme ? D’abord : il est Connaissance :
La lumière de son esprit a déchiré l’illusion de Mâyâ.
Ensuite : la nature de l’homme est Acte —
Heureux qui a trouvé le Mot de Dieu.
Et puis : la nature de l’homme est Foi —
L’âme presse le raisin de la salvation.
Finalement je voudrais mentionner l’Ipséité :
En son cœur l’homme doit reconnaître son Être même.

Die Wahrheit und die Schönheit gehn zusammen:
Was göttlich wahr ist, strahlet Schönheit aus;
Das Schöne, Edle, ist der Wahrheit Zeuge;
Das Heilige ist Gottes Blumenstrauß.
Der Tor nur sieht nichts Schönes in der Lehre,
Und gibt der Schönheit nicht der Weisheit Ehre.
Man könnt der Schönheit Rechte übertreiben —
Man soll sie nicht als hohlen Trug beschreiben.

La Vérité et la Beauté vont de pair :
Ce qui est divinement vrai irradie la Beauté ;
Le beau, le noble est témoignage de la Vérité ;
Le sacré est le bouquet de fleurs divin.
Seul le sot ne voit rien de beau dans la doctrine,
Et ne donne à la beauté l’honneur de la sagesse.
On pourrait exagérer les droits de la beauté —
On ne doit la décrire comme creuse illusion.

Ich bin die große Stille nach dem Tosen,
Nach Weltmeers wildbewegter Melodie —
Sprich: Friede, Friede; Herz, du bist das Selbst —
Om, Shânti, Shânti; Aham Brahmâsmi.
 

Je suis le grand silence après la tempête,
Après la mélodie agitée de l’océan cosmique —
Dis : paix, paix ; mon cœur, tu es le Soi —
Om, Shânti, Shânti ; Aham Brahmâsmi.

Jenseits von Gut und Schlecht sei Gottes Geist —
In Ihm sei nicht das Gute, nicht das Schlechte.
Nicht so. Wohl ist Gott ohne Widerspruch;
Doch dies bedeutet: Er ist alles Rechte.
Ja ist nicht bloßer Gegensatz des Nein —
Ja ist an sich, es ist das Reine Sein.

Au-delà du bien et du mal serait l’Esprit de Dieu —
En Lui ne serait ni le bien ni le mal.
Faux. Dieu est certes sans contradiction ;
Mais ceci signifie : Il est tout ce qui est positif.
Le oui n’est pas le simple opposé du non —
Le oui est en soi, il est le Pur Être.

Kunstschönheit ist eine kosmische Macht,
Die gar oft hat den Himmel zur Erde gebracht.
Der Mensch, der ihr dient, mag wohl ungeistig sein —
Für Andere fließt der verinnernde Wein.
Ich denk hier vor allem an die Musik —
Sie bringt Weise zum eigenen Herzen zurück.
 

La beauté artistique est une puissance cosmique
Qui très souvent a apporté le Ciel sur terre.
L’homme qui la sert peut sans doute ne pas être spirituel —
C’est pour d’autres que coule le vin intériorisant.
Je pense ici avant tout à la musique —
Elle ramène le sage à son cœur même.

Sagst du „Gewissheit“, denkst du an die Tiefe
In deiner Brust; sagst du „Erhabenheit“,
Denkst du an Himmelsweite in der Stirne —
An Schweigen, Schweben im Gebiet der Firne.
Das Unbedingte; die Unendlichkeit.

Si tu dis « certitude », tu penses à la profondeur
Dans ta poitrine ; si tu dis « sérénité »,
Tu penses à l’espace céleste dans le front —
Au silence, à planer dans la contrée des neiges éternelles.
L’Absolu ; l’Infinitude.

Er ist der Jagadguru bei den Indern;
Er ist der Qutb — der Pol — bei den Moslemen.
Gar mancher Sucher möchte seinen Weg
Zu diesem Meister aller Meister nehmen.
Sein hohes Wort ist himmlischer Natur;
In mancher Lehre leuchtet seine Spur.
Wo er wohl wohnt, der Weise aller Welt?
Er wohnt im Geiste, den der Herr gewählt.

Il est le Jagadguru chez les Hindous ;
Il est le Qutb — le Pôle — chez les Musulmans.
Maint chercheur voudrait prendre sa Voie
Chez ce Maître de tous les Maîtres.
Sa parole élevée est de nature céleste ;
En mainte doctrine rayonne sa trace.
Où réside-t-il donc le sage de tout monde ?
Il réside dans l’esprit que le Seigneur a choisi.

Sie denken, diese Welt sei voller Süße,
Dieweil der Weise in Entsagung stöhnt
Und Finsternis; da würd man nimmer finden
Das goldne Paradies, das man ersehnt.
Was Geistes Nacht ist, sieht der Weltmensch nicht —
Dass Laylâ tanzt in einem Kranz aus Licht.
Das tiefste Herz enthält den heilgen Schrein,
Die nackte Göttin, und die Schale Wein.

Ils pensent que ce monde est rempli de douceur,
Tandis que le sage gémit dans le renoncement
Et les ténèbres ; on ne trouverait jamais
Le Paradis doré vers lequel on soupire.
Ce qu’est la nuit de l’esprit, l’homme mondain ne le voit —
Que Laila danse dans une couronne de Lumière.
Le cœur le plus profond contient l’écrin sacré,
La déesse nue et la coupe de vin.

Extraits du cinquiéme tome des poésies de Frithjof Schuon


Askese reinigt, und so Gangeswasser —
Jedoch: nichts reinigt so wie das Erkennen,
Sagen die Weisen. Denn nichts kann so klar
Vom Wahren zeugen und den Trug verbrennen.
 

L’ascèse purifie, de même l’eau du Gange —
Toutefois : rien ne purifie comme la Connaissance,
Disent les sages. Car rien ne peut si clairement
Témoigner du Vrai et brûler l’illusion.

Die Lorelei, die hoch auf dem Gipfel sang;
Ein Märchen, das seit der Urzeit erklang.
Wer nach ihr schaute, dem war’s zum Verderben —
Er musst in den Wogen des Rheines sterben.
Blutzeuge ist — so der Islam spricht —
Der Mensch, dessen Herz aus Liebe bricht;
Wer sterben muss an Liebesleid —
Der Allerbarmer verwirft ihn nicht.
Wohl dem, der den Tod des Geistes stirbt
Und das Leben der Ewigkeit erwirbt.
Es geht nicht an, dass die Weisheit verzage —
Das Gottesgedenken kennt keine Klage.
„Selig, die da Leid tragen auf Erden —
Denn sie sollen getröstet werden.“
 

La Lorelei qui chantait tout là-haut sur le sommet ;
Un conte qui résonna dès les temps immémoriaux.
Qui la regardait était voué à sa perte —
Il devait mourir dans les vagues du Rhin.
Martyr — tel que le dit l’Islam —
Est l’homme dont le cœur se brise d’amour ;
Celui qui de chagrin d’amour doit mourir —
Le Tout-Miséricordieux ne le rejette point.
Heureux qui meurt de la mort de l’esprit
Et acquiert la vie de l’Eternité.
Il ne sied pas à la sagesse de se décourager —
Le Souvenir de Dieu ne connaît pas de plainte.
" Bienheureux les affligés sur cette terre —
Car ils seront consolés. "

Jegliche Tugend ist ein schönes Weib,
Und so jegliche Wahrheit aus der Tiefe;
Wer nicht die Wahrheit, nicht die Tugend liebt,
Ist wie ein Mensch, der in der Sonne schliefe.
Das Wahre und das Gute lieben, heißt:
Sie miterleben und ihr Licht entzünden;
In ihnen seine eigne Seel erwecken —
Durch sie den Weg zum Gott der Liebe finden.
 

Chaque vertu est une belle femme,
De même que toute vérité de la profondeur ;
Qui n’aime ni la Vérité ni la Vertu
Est comme un homme dormant au soleil.
Aimer le Vrai et le Beau veut dire :
En vivre et allumer leur lumière ;
Eveiller en eux son âme même —
Par eux trouver la Voie vers le Dieu d’Amour.

Die Religion — sie will zu allen reden;
Der Vorteil der Gesellschaft ist ihr alles,
So wie das Seelenheil auch des Geringsten;
Sie rettet aus der Not des Sündenfalles.
Die Metaphysik schaut der Dinge Wesen,
Ohne dem Formentum zu widerstehen;
Denkt nicht, auch sie sei Dogma und Moral —
Sie kann weit mehr als Glaubensformeln sehen.
 

La religion — elle veut s’adresser à tous ;
L’avantage de la société est tout pour elle,
Comme le salut de l’âme, même du moindre des hommes ;
Elle sauve de la misère de la chute originelle.
La métaphysique considère la nature des choses,
Sans s’opposer au monde des formes ;
Ne pensez pas qu’elle aussi soit dogme et morale —
Elle peut voir bien plus loin que des formules fidéistes.

Der Pater Julien Aymard wollte stets
Die heilige Monstranz betrachten; dies
Ward ihm gegeben, und es war sein Weg,
Hienieden in der Welt sein Paradies —
So wie der Paria Tiruvalluvar
Von ferne wollt das Dach des Tempels schauen.
Denn es gibt Heilge, deren Gnad es ist,
Aus Außendingen, die vom Innern zeugen,
Sich einen Weg zum Paradies zu bauen.
 

Le Père Julien Aymard voulait sans cesse
Contempler l’ostensoir sacré ; ceci
Lui fut donné, et c’était sa Voie,
Ici-bas dans le monde son paradis —
Tout comme le paria Tiruvalluvar
Voulait de loin contempler le toit du temple.
Car il est des saints dont c’est la grâce,
Avec des choses extérieures témoignant de l’Intérieur,
De se construire une Voie vers le paradis.

Das Weib ist nicht erschaffen, Mann zu sein;
Weil sie’s nicht sein soll, hat sie Gott erzeugt.
Und doch sind die Geschlechter nicht bloß Zwei —
Sie sind Ein Wesen, das vor Gott sich beugt.
Der Mann hat seine Sendung: Kampf dem Drachen;
Das Weib die ihre: Andre glücklich machen.

 La femme n’est pas créée pour être un homme ;
Pour cette raison même Dieu l’a appelée à la vie.
Et pourtant les sexes ne sont pas simplement deux —
Ils sont une seule nature qui s’incline devant Dieu.
L’homme a sa mission : le combat du dragon ;
La femme a la sienne : rendre d’autres heureux.

Âtmâ und Mâyâ und Jîvâtmâ sind
Die Urbegriffe, die die Weisheit bauen:
Die Wirklichkeit; der Anschein; das Bewusstsein,
Mit dem die Menschen auf das Wahre schauen.
Bewusstsein, Geist: aus Wirklichkeit und Schein
Gemacht. Alles ist Âtmâ, Reines Sein.
 

Âtmâ, Mâyâ et jîvâtmâ sont
Les axiomes qui fondent la Sagesse :
La Réalité ; l’apparence ; la conscience
Avec laquelle les hommes appréhendent le Vrai.
Conscience, esprit : faits de Réalité et
D’apparence. Tout est Âtmâ, Pur Être.

Der Seelenstoff des wohlgeratnen Menschen
Ist nie gespalten, er hat Pole nur;
Doch die verirrte oder kranke Seele
Ist wirrer, widersprüchlicher Natur —
Ist zweimal Ich, auf gleicher Ichheit Spur.
Sei eins mit rechter Gegenseitigkeit;
Nicht zwei ohn Mitte — ohne Selbigkeit.
 

La substance psychique de l’homme normal
N’est jamais divisée, elle n’a que des pôles ;
Mais l’âme égarée ou malade
Est d’une nature chaotique et contradictoire —
Est un double moi dans le sillage de la même égoïté.
Sois un avec une juste complémentarité ;
Non deux sans centre — sans identité.

Freiheit — der Schöpfer hat sie uns gegeben
Um uns zu Sich, über das Tier zu heben.
Nicht dass wir tierisch sein und sie missbrauchen
Und dadurch tief unter dem Tiere leben.
Frei sein: nicht in der Tiere blindem Wollen,
Sondern in dem, was wir als Menschen sollen —
Nämlich zu unserm Urgehalte streben.
 

Liberté — le Créateur nous l’a donnée
Pour nous élever à Lui au-dessus de l’animal ;
Non pour être bestiaux et en abuser,
Et par là vivre bien en deçà de l’animal.
Être libre : non dans le vouloir aveugle des animaux,
Mais dans celui qui nous incombe en tant qu’hommes —
A savoir l’aspiration vers notre Quintessence.

Pythagoras und Abraham: Urväter —
Der Eine, der der Weisheit Licht entfachte;
Der Andre, der Gesetz und Beten lehrte —
Dem Menschenherzen seinen Glauben brachte.
Wenn ihr in der Geschichte Spiegel schaut:
Die Griechen, die Semiten, hier und dort —
Ein jeder brachte seines Geistes Wort;
Sie beide haben unsre Welt gebaut.
 

Pythagore et Abraham : pères primordiaux —
L’un qui alluma la Lumière de la Sagesse ;
L’autre qui enseigna la Loi et la prière —
Apporta sa foi au cœur de l’homme.
Si vous regardez dans le miroir de l’Histoire :
Les Grecs par-ci et les Sémites par-là —
Chacun apporta la parole de son esprit ;
Tous deux ont bâti notre monde.

Extraits du sixième tome des poésies de Frithjof Schuon


Gott; der Prophet; die Seel. Gott ist der Sinn
Von allem: Er ist Wahrheit, Gegenwart
Und Helfer, dem der Seel Gebete gelten.
Dann der Prophet, um den die Welt sich schart —
Den du verehrst. Und dann die Seele, die
Befreit wird durch des Glaubens Alchimie.
 

Dieu ; le Prophète ; l’âme. Dieu est le sens
De toute chose : Il est Vérité, Présence
Et Secours à qui les prières de l’âme s’adressent.
Puis le Prophète, autour duquel le monde s’assemble —
Et que tu vénères. Et ensuite l’âme, qui
Est délivrée par l’alchimie de la foi.

Schönheit hat mehrere Erscheinungsweisen:
Da ist des Menschen gottgeschaffner Leib —
Vom Urgehalt des Schönen zeugt das Weib.
Und da sind Wege, die zum Himmel weisen:
Die Dichtung — Denken und Musik zugleich;
Und dann, im selben seelischen Bereich:
Der Zauber der Musik — sei sie Gesang,
Oder auch Flöte, süßer Saitenklang.
Dann die Natur, wo Gott der Höchste schaltet;
Dann Kunst, wo Adam eine Welt gestaltet,
Wie Gott es will; der Mensch hat nichts aus sich —
Der Urquell sei gepriesen ewiglich.
 

La beauté a plusieurs modes de manifestation :
Il y a le corps humain créé par Dieu —
La femme témoigne de l’essence même du Beau.
Et il y a des Voies qui indiquent le Ciel :
La poésie — pensée et musique à la fois ;
Et puis, dans le même domaine psychique :
La magie de la musique — qu’elle soit chant,
Ou bien flûte, ou mélodieux son des cordes.
Puis la nature où règne Dieu le Très-Haut ;
Ensuite l’art, dans lequel Adam a façonné un monde,
Tel que Dieu le veut ; l’homme n’a rien de lui-même —
Que la Source primordiale soit éternellement glorifiée.

Warum liegt in den Sängen der Indianer
Und der Kosaken eine Urweltkraft
Gemischt mit Schwermut und mit Lebensfreude —
Was ist’s, was diese wilde Schönheit schafft?
Des Helden Seel verbindet Gegensätze:
Ein Sturm, der über Steppen, Wogen fegt;
Und dann Beschaulichkeit, ein edles Sehnen —
Ein Schaun nach Innen, tief und unbewegt.
 

Pourquoi les chants des Indiens et des Cosaques
Recèlent-ils une force de primordialité
Mêlée à la mélancolie et à la joie de vivre —
Qu’est-ce qui crée cette sauvage beauté ?
L’âme du héros combine des opposés :
Une tempête qui balaie steppes et houles ;
Et puis la contemplativité, une noble nostalgie —
Un regard vers l’Intérieur, profond et immobile.

Wein ist, was unsre Seele trunken macht:
Das tiefe Glück der Gottergebenheit;
Des Gottvertrauns. Hohe Erhabenheit —
Und der Gewissheit herzenstiefe Macht.
 

Le vin est ce qui rend notre âme ivre :
Le bonheur profond de la résignation à Dieu ;
De la confiance en Dieu. Sérénité élevée —
Et la puissance cardiaque de la certitude.

Die Götzenpriester auf dem heilgen Berge —
Sie waren neben dem Elias Zwerge.
Der Rauch von des Propheten Opfer stieg
Zum Himmel — Gott gab seinem Freund den Sieg.
So opfere in deinem Herz dem Wahren —
Du wirst vom Herrn den Sieg, das Heil erfahren.
 

Les prêtres des idoles sur la montagne sacrée —
Ils étaient des nains à côté d’Elie.
La fumée de l’offrande du Prophète monta
Vers le Ciel — Dieu donna la victoire à son ami.
Sacrifie ainsi en ton cœur au Vrai —
Tu connaîtras du Seigneur victoire et salvation.

Im Himmel hat die Seel die Gottesschau —
Jedoch ist ihr nicht andre Schau verwehrt:
Die Engel, Heilgen, alle die uns nah,
Sind in der Einen Gottesschau verklärt.
 

Au Ciel, l’âme a la vision de Dieu —
Mais une autre vision ne lui est pas interdite :
Les anges, les saints, tous ceux qui nous sont proches,
Sont transfigurés dans l’Unique vision de Dieu.

Da ist ein Berg: ein schneebedeckter Gipfel
Und unten in der Tiefe eine Klause;
In Himmelsnähe strahlt Erhabenheit —
Im Herzen ist der Urgehalt zuhause.
Höhe und Tiefe sind zwei Möglichkeiten
Der Schau des Göttlichen — zwei Seligkeiten.
 

Voilà une montagne : un sommet enneigé
Et tout à la base un ermitage ;
Dans la proximité du Ciel rayonne la sérénité —
Dans le cœur la Quintessence est chez elle.
Hauteur et profondeur sont deux possibilités
De la vision du Divin — deux béatitudes.

Nicht für die Erde wurde ich gemacht —
Für meine Seele ward gemacht die Erde;
Auf dass im unbegrenzten Weltenraum
Ein Ort für Gottes Geist und Gaben werde.
Der Mensch ist frei, und Gottes Gnade wacht
In deiner Welt am gottgeschenkten Herde.
 

Je n’ai pas été fait pour la terre —
C’est pour mon âme que la terre fut faite ;
Afin que dans l’espace illimité des univers
Soit un lieu pour l’Esprit de Dieu et Ses dons.
L’homme est libre, et la grâce de Dieu veille
Dans ton monde en ce foyer donné par Dieu.

Der Göttin Kultus ist Semiten fern,
So sandte Gott Maria, hilfereich
Dem Menschen nahend; deren Bild, ein Stern,
Am Rand des Meeres leuchtet, früh und spät:
Ein Gruß und eine Gnad vom Gottesreich —
Ein Zeichen, das für uns am Himmel steht.
 

Le culte de la déesse est étranger aux Sémites,
Aussi Dieu envoya-t-il Marie, s’approchant
Secourablement de l’homme ; son image, une étoile,
Etincelle à la lisière de la mer, tôt et tard :
Une salutation et une grâce du Royaume de Dieu —
Un signe pour nous siégeant au firmament.

Das Sehen — unsre Antwort auf das Licht;
Das Hören — unsre Öffnung für den Klang.
Das Leuchten, das die tiefe Nacht durchbricht —
Der Ton, der in des Herzens Tiefe drang.
Beides vereint beim Tanze mit Gesang;
Sieh, wie das Göttliche in Zeichen spricht.
 

La vision — notre réponse à la lumière ;
L’audition — notre ouverture au son.
La luminosité qui perce la nuit profonde —
Le son qui pénétre dans la profondeur du cœur.
Les deux choses s’unissent dans la danse chantée ;
Vois comme le Divin parle par signes.

Was sollen die didaktischen Gedichte
Nach allem, was in meinen Büchern steht?
Gedichte sprechen eine Sprache, die
Für alle ist — Gelehrte, Ungelehrte —
Weil sie unmittelbar ins Herze geht.
Indessen — was ich hier zu sagen habe
Ist abgestuft, je nach des Himmels Gabe.
 

Quel est le but des poésies didactiques
Après tout ce qui se trouve dans mes livres ?
Les poésies parlent un langage
Qui est pour tous — instruits et ignorants —
Parce qu’il va directement dans le cœur.
Néanmoins — ce que j’ai à dire ici
Comporte des degrés, selon le don du Ciel.

Shánkars Vedânta, mit ihm Japa-Yoga —
Dies, in der Weisheit, ist der Weg der Wege.
Erst Unterscheidung; dann der Seel Verharren
In dem, was ist: das Âtmâ, jenseits Mâyâ.
 

Le Védanta de Shankara, avec lui le japa-yoga —
C’est là, dans la Sagesse, la Voie des voies.
D’abord discernement ; puis résidence de l’âme
Dans ce qui est : Âtmâ, au-delà de Mâyâ.

Extraits du septième tome des poésies de Frithjof Schuon


Beim wahren Weisen ist stets Heiligkeit;
Jedoch ein Heilger ist nicht immer weise.
Edlen Charakter haben sie gemein;
Verschieden jedoch ist des Geistes Reise.
Der Heilge fußt auf Willen und auf Liebe;
Der Weise auf Erkenntnis und Verstand.
Gewiss, der Heilge kann auch Weisheit haben —
Es sind viel Wege in des Geistes Land.
 

Chez le vrai sage il y a toujours de la sainteté ;
Toutefois un saint n’est pas toujours sage.
Ils ont en commun un noble caractère ;
Le voyage de l’esprit est pourtant différent.
Le saint a son assise sur la volonté et l’amour ;
Le sage sur la connaissance et la raison.
Certes, le saint peut aussi avoir de la sagesse —
Multiples sont les Voies au pays de l’Esprit.

„Brahma — wirklich; Welt — nur Anschein;
Brahmas Strahl — die Menschenseele.“
Also spricht die Offenbarung —
Die Sophia, die ich wähle.
Liebe Gott mit allen Kräften,
Wurde mir schon früh gesagt.
Beten sollst du nie vergessen —
Weiter hab ich nicht gefragt.
 

« Brahma — réel ; le monde — rien qu’apparence ;
Le rayon de Brahma — l’âme humaine. »
C’est ce que dit la Révélation —
La Sophia que je choisis.
Aime Dieu de toutes tes forces,
M’a-t-on déjà dit de bonne heure.
N’oublie jamais de prier —
Je n’ai pas demandé davantage.

„Sag mir, mit wem du gehst; ich sag dir, wer du bist.“
Gehe mit Menschen, die das Heilge ehren;
Sat-Sangha — der „Gesellschaftskreis der Reinen“ —
Wird deiner eignen Seele Reinheit mehren.
Reinheit: Demut vor Gott; Demut vor dem,
Der in des Allerhöchsten Namen spricht.
Die Dinge sehen, wie sie wirklich sind —
Wer sich selbst überschätzt, gefällt Gott nicht.
 

« Dis-moi qui tu fréquentes ; je te dirai qui tu es. »
Fréquente les hommes qui honorent le Sacré ;
Sat-sangha — la « compagnie des purs » —
Elle augmentera la pureté de ton âme.
Pureté : humilité devant Dieu ; humilité devant
Celui qui parle au Nom du Très-Haut.
Voir les choses telles qu’elles sont réellement —
Qui se surestime ne plaît point à Dieu.

Die Dinge sehn in Gott,
Gott in den Dingen sehn;
Die Dinge sehn an sich,
Mit Gott darüber stehn —
Dies ist das Buch der Welt,
Ein andres gibt es nicht;
Der Leser ist dein Herz —
Es gibt kein andres Licht.
 

Voir les choses en Dieu,
Voir Dieu dans les choses ;
Voir les choses en elles-mêmes,
Avec Dieu, te tenir au-dessus d’elles —
C’est là le livre du monde,
Il n’y en a point d’autre ;
Le lecteur est ton cœur —
Il n’y a pas d’autre lumière.

Die Große Göttin ist der Weisheit Licht,
Saraswatî; Durga, Vergänglichkeit,
Das Zeitrad, das die Welt zunichte macht;
Und sie ist Lakshmî, die Glückseligkeit.
Die Große Mahâdevî ist das All —
Du siehst sie nicht, doch sie ist überall.
 

La Grande Déesse est la Lumière de la Sagesse,
Saraswatî ; elle est Durga, l’éphémérité,
La roue du temps qui réduit le monde à néant ;
Et elle est Lakshmî, la Béatitude.
La Grande Mahâdevî est l’Univers —
Tu ne la vois point, mais elle est partout.

Ich lobe mir den Adler und den Schwan,
Den Blitz vom Himmel und des Teiches Frieden;
Bei Nacht die Eule, morgens früh der Hahn —
Der Schöpfer gab uns reiche Lehr hienieden.
Der Pfau und der Fasan — blaugrüne Pracht
Und Gold hat Gottes Märchenkunst gemacht;
Singende Vögelein — sieh welche Welt
Der Herr entfaltet unterm Himmelszelt;
Ich nenn die Lerche und die Nachtigall —
Du hörst in Feld und Wald den süßen Schall.
Der Himmel sah, dass mir nicht wohl gewesen —
Im Buche der Natur ließ er mich lesen.
 

Je fais l’éloge de l’aigle et du cygne,
L’éclair du ciel et la paix de l’étang ;
De nuit le hibou, tôt le matin le coq —
Le Créateur nous a donné ici-bas un riche enseignement.
Le paon et le faisan — la splendeur bleu vert
Et l’or, issus de l’art féerique de Dieu ;
Petits oiseaux qui chantent — vois quel monde
Le Seigneur déploie sous la voûte céleste ;
Je cite l’alouette et le rossignol —
Dans champs et forêts tu entends leur doux son.
Le Ciel a vu que je ne me sentais pas bien —
Il m’a laissé lire dans le livre de la Nature.

Der Mensch ist alles, was ihm zugestoßen —
Er ist auch alles, was er wollt vollbringen,
Und alles, was ihm ward von Gott gegeben.
Und jeder Mensch, was, wie und wo er sei,
Muss mit der Welt — muss mit sich selber ringen.
 

L’homme est tout ce qui lui est arrivé —
Il est aussi tout ce qu’il voulait accomplir,
Et tout ce qui lui a été donné par Dieu.
Et tout homme, quoi, comment et où qu’il soit,
Doit lutter avec le monde — avec lui-même.

Das Hirn wird schwer, wenn es zum Selbstzweck wird —
Wenn es das Sein vergisst und abwärts irrt.
Doch hat die Seel ihr wahres Ziel erreicht,
Dann wird sie wie der Wind — so licht und leicht.
Du kannst den umgekehrten Sinn bemerken:
Der Wahrheit Schwere mag die Seele stärken.
„Heiliges Schweigen nur bringt mir Gewinn“ —
Sagt Shánkara in einer seiner Hymnen —
„Dies ist die Stadt Benares, die Ich bin.“
 

Le cerveau s’alourdit s’il devient une fin en soi —
S’il oublie l’Être et erre vers le bas.
Mais si l’âme a atteint son véritable but,
Elle devient comme le vent — aussi lumineuse et légère.
Tu peux noter aussi le sens inverse :
Le poids de la Vérité peut fortifier l’âme.
« Seul le saint silence m’est profitable » —
Dit Shankara dans un de ses hymnes —
« C’est la ville de Bénarès, c’est Elle que Je suis. »

Japanische Musik — am Koto perlen
Schwermütge Saitenklänge hin wie Tränen;
Vergänglichkeit — des Liedes Urgehalt;
Ein Traum des Schmetterlings in zarten Tönen.
Jenseits des Träumens: hier der wilde Krieger,
Und dort der Mönch, über das Dasein Sieger.
 

Musique japonaise — au Koto perlent
De mélancoliques accords pareils à des larmes ;
Evanescence — l’essence du chant ;
Un rêve de papillon en de tendres accents.
Au-delà du rêve : ici le rude guerrier,
Et là le moine, vainqueur de l’existence.

Vairagyânanda ist ein hoher Name;
„Der Selige durch Geistesgleichmut“ — sieh
Wie allerhöchste Wahrheit Frieden gibt;
Ihn gibt das Weltgetrieb dem Herzen nie.
Der Jîvan-Mukta, dem die Dinge gleich,
Ist wie der Schwan auf einem Lotosteich.
 

Vairagyânanda est un nom élevé ;
« Le bienheureux par impassibilité d’esprit » — vois
Comme la suprême Vérité confère la paix ;
L’agitation du monde au cœur jamais ne la procure.
Le jîvan-mukta, à qui les choses sont indifférentes,
Est comme le cygne sur un étang de lotus.

Im Himmel über uns ist eine Lehre:
Sein tiefes Blau ist Friede, dennoch Glut;
Und manchmal ist er weiß und manchmal golden —
Er zeugt zu jeder Stund vom Höchsten Gut.
Der Himmel mit der Sonne, mit dem Regen,
Mahnt dich, wann Gott es will, an Gottes Segen;
Und so bei Nacht: da ist das Meer der Sterne —
Unendlichkeit in des Erhabnen Ferne.
 

Le ciel au-dessus de nous renferme une doctrine :
Son bleu profond est paix, néanmoins ferveur ;
Et il est parfois blanc et parfois doré —
Il témoigne à toute heure du Souverain Bien.
Le ciel avec le soleil et avec la pluie
Te rappelle, quand Dieu le veut, la Bénédiction divine ;
Et de même la nuit : il y a l’océan des étoiles —
Infinitude dans le lointain du Très-Haut.

Die Lehre kann genügen: es gibt Menschen
Die auf dem Geistespfad nichts weiter brauchen;
Und andre, deren Urnatur es will,
Dass sie der Schönheit Friedenspfeife rauchen.
Denn in der Formenwelt sind manche Türen
Die, recht geöffnet, hin zur Wahrheit führen.

 La doctrine peut suffire : il est des hommes
Qui sur la Voie spirituelle ne nécessitent rien de plus ;
Et d’autres dont la nature même requiert
Qu’ils fument le calumet de paix de la beauté.
Car dans le monde formel il est maintes portes
Qui, correctement ouvertes, mènent à la Vérité.

Gewissheit — sprich, aus welchem Stoff ist sie gemacht?
Sie ist ein Unbedingtes — doch mit welchem Recht?
Die Wahrheit Gottes selbst hat sie erdacht —
In ihr ist König der geringste Knecht.
Gewissheit — Wirklichkeit in Geist geronnen —
Wer sie besitzt, hat Reines Sein gewonnen.
 

Certitude — dis, de quelle substance est-elle faite ?
Elle est chose absolue — mais de quel droit ?
C’est la Vérité même de Dieu qui l’a conçue —
En elle le moindre des domestiques est roi.
Certitude — Réalité coulée en Esprit —
Qui la possède, a gagné le Pur Être.

El-Qutb — den „Pol“ — nennt man ihn auf Arabisch;
Und Jagad-Guru ist das Sanskrit-Wort:
„Lehrmeister für den ganzen Erdenkreis“ —
Nicht nur für diesen oder jenen Ort.
Ihr mögt nach einem engen Credo streben —
Die Stimme aus der Urzeit muss es geben.
Wer ist wohl dieser Meister? Ein Genannter;
Vielleicht auch, so Gott will, ein Unbekannter.
 

El-Qutb — le « Pôle » — l’appelle-t-on en arabe ;
Et Jagad-Guru est le terme sanscrit :
« Maître pour toute la sphère terrestre » —
Non seulement pour tel endroit ou tel autre.
Vous pouvez tendre vers un étroit credo —
La voix de l’époque primordiale doit exister.
Qui peut être ce Maître ? Un être nommé ;
Peut-être aussi, si Dieu le veut, un inconnu.

Brahma Satyam; jagan mithyâ; jîvo
Brahmaiva nâparah.
— Anders gesagt:
„Brahma ist Wirklichkeit; die Welt ist Schein;
Der Geist: nichts andres ist er als das Sein.“
Da ist kein Spruch, der diesen überragt.
 

Brahma Satyam ; jagan mithyâ ; jîvo
Brahmaiva nâparah
. — Autrement dit :
« Brahma est Réalité ; le monde est apparence ;
L’esprit : il n’est rien d’autre que l’Être même. »
Il n’y a nulle sentence qui surpasse celle-là.

Extraits du huitième tome des poésies de Frithjof Schuon


Ich träumt, ich hätte Dante zu Besuch,
Und jemand sagte mir: mach ihn nicht müde —
Er ist schon manche hundert Jahre alt;
Ich sprach: in der Commedia Urgewalt
Liegt die Unsterblichkeit — und Gottes Friede.
Nie hat die Erde Edleres gesungen —
Die Zeit vergeht; der Sang ist nicht verklungen.
 

J’ai rêvé que je recevais la visite de Dante,
Et quelqu’un me dit: ne le fatigue pas —
Il a déjà plusieurs centaines d’années;
J’ai dit: dans la puissance primordiale de la Commedia
Réside l’immortalité — et la Paix de Dieu.
Jamais la terre n’a chanté chose plus noble —
Le temps passe; le chant n’a pas disparu.

Die Prüfung ist das Tor zum neuen Leben;
Oft kommt vor einer Gnade bittre Krisis —
Wär nicht die Nacht, käm keine Morgenröte.
Nicht leichthin zeigt sich dir der Leib der Isis —
Ein Sonnenstrahl für alle deine Nöte.
 

L’épreuve est la porte vers une nouvelle vie;
Souvent avant une grâce vient une amère crise —
S’il n’y avait la nuit, nulle aurore ne viendrait.
Le corps d’Isis ne se montre pas à toi à la légère —
Un rayon de soleil pour toutes tes détresses.

Die Gottheit ist als Ursein unpersönlich;
Persönlich, wenn als Mensch du vor Ihr stehst:
Wenn du, mit großen und mit kleinen Nöten,
Zum Herrn, dem Schöpfer und dem Richter, flehst.
Du schaust das Unpersönliche im Geist;
Er ist, wie das Geschaute, unerschaffen —
Er weiß seit Anbeginn, was du nicht weißt.
 

La Divinité est, en tant que Sur-Être, impersonnelle;
Personnelle, lorsqu’en tant qu’homme tu te tiens devant Elle:
Lorsque, avec tes grandes et petites détresses,
Tu implores le Seigneur, Créateur et Juge.
Tu contemples l’Impersonnel dans l’Esprit;
Ce dernier est, comme l’Objet de sa vision, incréé —
Il sait dès l’origine ce que tu ne sais point.

Das Göttliche ist wie der Punkt; und dann
So wie der Kreis; dann wie die leere Weite.
Einzig; und All; Nicht-Zweiheit, reine Einheit —
Geb Gott, dass uns das Bild zum Wahren leite.
 

Le Divin est comme le point; et puis
Comme le cercle; ensuite comme l’espace vide.
Unique; et Tout; non-dualité, pure Unité —
Plaise à Dieu que cette image nous guide vers le Vrai.

Shrî Abhinavagupta war umgeben
Von Devadâssîs, dazu Tanz, Musik;
Shrî Shánkara dagegen war Asket
Und suchte in der Einsamkeit sein Glück.
Zwei Gegenpole in der Gottheit Sphären —
Und dennoch Menschen dieser armen Erde,
Oft schwer verständlich — aber doch vereint
In Einer Wahrheit, und am gleichen Herde.
 

Shrî Abhinavagupta était entouré
De devadâssîs, avec danse et musique;
Shrî Shankara par contre était ascète
Et cherchait son bonheur dans la solitude.
Deux pôles opposés dans les sphères de la Divinité —
Et pourtant hommes de cette pauvre terre,
Souvent difficiles à comprendre — mais néanmoins unis
Dans Une seule Vérité, et au même Foyer.

„Uns ist in alten Mären
Wunders viel geseit,
Von Helden lobebaeren,
Von großer Küonheit.“
Das Lied der Nibelungen —
Im Ton des Bardensangs —
Birgt den gewaltgen Mythos
Des Sonnenuntergangs.
Die Zeit auf ihrer Reise —
Sie eilt, sie bleibt nicht stehn;
Der lichte Balder, Siegfried —
Er strahlt, doch muss vergehn.
 

«D’anciennes légendes nous content
Maints faits merveilleux,
De héros hautement loués,
De grande intrépidité.»
Le chant des Nibelungen —
Sur le ton de celui des bardes —
Contient le mythe puissant
Du coucher de soleil.
Le temps dans son voyage —
Il se presse, ne s’arrête jamais;
Le lumineux héros, Siegfried —
Il rayonne, mais doit disparaître.

Vairâgya — Gleichmut durch die Gottesnähe;
Wohl dem, der Kleinkram aus der Ferne sieht.
Ich bin im Schnee auf einer Bergeshöhe
Und drüber weht des Windes ewig Lied —
Alles ist weiß und gleich, soweit ich sehe.
 

Vairâgya — impassibilité par la proximité de Dieu;
Heureux qui voit les broutilles de loin.
Je suis dans la neige sur un sommet de montagne
Et par-dessus souffle l’éternel chant du vent —
Tout est blanc et égal, à perte de vue.

Leib, Seele, Geist. Der Leib für diese Welt,
Die Seele für die andre. Doch der Geist,
Der Wesenskern, hat ein besondres Heim —
Denn er ist göttlich, wie es Gott gefällt.

Corps, âme et esprit. Le corps pour ce monde,
L’âme pour l’autre. Mais l’esprit,
Le noyau même de l’être, a un foyer particulier —
Car il est divin, comme cela plaît à Dieu.

Was ist das Gottgedenken? Es ist Gleichmut
Im Weltgetrieb, und Zuversicht im Innern.
Erhabenheit, Gewissheit: mögst du dich
Wo, wann und wie du seist, an sie erinnern.
 

Qu’est-ce que le Souvenir de Dieu? Il est impassibilité
Dans l’agitation du monde, et confiance à l’Intérieur.
Sérénité, certitude: puisses-tu t’en souvenir
Où, quand, et comment que tu sois.

Lass deine Seel für Gott im Schweigen sein —
Er fülle sie mit seinem weißen Wein:
Weiß, weil das Schweigen Unschuld ohne Kleid;
Wein, weil die Stille strahlt in Seligkeit.
 

Maintiens ton âme en silence pour Dieu —
Qu’Il la remplisse de Son vin blanc:
Blanc, car le silence est innocence sans vêtement;
Vin, car le silence s’irradie en béatitude.

Extraits du neuviéme tome des poésies de Frithjof Schuon


Glaubt nicht, was ich hier von mir selber sage
Sei unbescheiden oder übertrieben:
Was man in guten alten Büchern findet
Über das Sein, über des Weltalls Frage,
Hat Gott in meines Herzens Grund geschrieben.

Ne croyez pas que ce que je dis ici de moi-même
Manque de modestie ou soit exagéré :
Ce que l’on trouve dans les bons livres anciens
Au sujet de l’Être, de l’énigme de l’Univers,
Dieu l’a inscrit au fond de mon cœur.

Port-Vendres, wo das Schiff vor Anker lag —
Niemals vergess ich jenen goldnen Tag.
Ich war allein in meinem Raum; die Andern
Wollten ein Weilchen an der Küste wandern.
Man hatt mir einen Blumenstrauß gebracht —
Ich blickte in der Blumen bunte Pracht
Und dachte wie ein Kind ans Paradies;
Da kam — ein wacher Traum — die Jungfrau süß,
Und blieb mit mir, verborgen tief im Innern
Mit ihrer Gnade, die mich nie verließ —
Heilige Gegenwart, lichtes Erinnern.
Ein Bild vom Himmel her; ich nenn es gern
Die Stella Maris — meinen Morgenstern.

Port-Vendres, où le bateau était à l’ancre —
Jamais je n’oublierai ce jour doré.
J’étais seul dans ma cabine ; les autres
Voulaient se promener un moment sur la côte.
On m’avait apporté un bouquet de fleurs —
Mon regard en parcourait la splendeur diaprée,
Et je pensais comme un enfant au Paradis ;
Puis vint — un rêve éveillé — la douce Vierge,
Elle resta avec moi, profondément cachée à l’intérieur
Avec sa grâce, qui jamais ne me quitta —
Sainte présence, souvenir lumineux.
Une image venue du Ciel ; j’aime l’appeler
Stella Maris — mon étoile du matin.

Ich wollte dieses Buch schon lang beschließen —
Ich konnte nicht; ich musste weiter dichten.
Doch diesmal legt sich meine Feder nieder,
Denn es gibt andres Sinnen, andre Pflichten;
Wie dem auch sei, was wir auch mögen tun:
Lasst uns dem Ruf des Höchsten Folge leisten —
Lasst uns in Gottes tiefem Frieden ruhn.

Depuis longtemps je voulais clore ce livre —
Je ne le pouvais ; je devais continuer à composer.
Mais cette fois, ma plume se pose,
Car il y a d’autres préoccupations, d’autres devoirs ;
Quoi qu’il en soit, quoi que nous puissions faire :
Conformons-nous à l’appel du Très-Haut —
Reposons-nous dans la profonde Paix de Dieu.

Extraits du dernier tome de poesies de Frithjof Schuon

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